Au commencement était une symphonie marine inattendue, venue d’ailleurs et tombant du ciel.
Dans l’auditorium fantastique de notre quotidien, le trompettiste du crépuscule a soufflé un coup de canif dans le voile de la normalité. C’est une pluie d’écrevisses cancaneuses, pleuvant comme une averse de notes discordantes, qui est tombée sur l’orchestre des arbres chauves, créant une symphonie marine dans l’air chargé. Les conducteurs anonymes, devenus chefs d’orchestre pour un jour, ont dû faire face à ce véritable ballet crustacéen, gesticulant et parlant.
Dans ce tableau fantasmagorique du quotidien, les arbres dépourvus de feuilles ont résonné, frissonnant de leurs branches nues en un cliquetis mélodieux. “L’écrevisse n’est pas un instrument à cordes, mais le destin a décidé de nous prouver le contraire”, a affirmé avec une conviction désarmante le Père Ephrem, conducteur de la ligne 9, devenu contre son gré chef d’un orchestre de rêve.
Face à ce spectacle surréaliste, les citadins ont quitté leur rôle de simple spectateurs pour devenir acteurs de ce théâtre du quotidien. Jeux improvisés de jonglerie avec les écrevisses, danseurs d’un jour sur une piste d’asphalte devenue merveilleusement glissante, tout le monde a laissé libre cours à son imagination.
“Comme dirait notre cher Dali, ‘Je ne prends pas de drogues. Je suis une drogue’. On dirait que le ciel a pris sa citation trop au sérieux aujourd’hui”, s’est esclaffé le Maire de la ville, M. René Duchesne, dans une conférence de presse improvisée à la hâte. Ils évoquent tous cette journée avec un brin de folie dans le regard, regrettant presque que le soleil ait finalement percé le ciel pour faire cesser cette pluie d’écrevisses cancaneuses, laissant derrière elle un orchestre silencieux d’arbres chauves.
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